Les Sciences Sociales Et Humaines Et Les Graves Déficits Dont Elles Souffrent

Résumé

:L’étude que voici tente d’expliquer, en partant de l’observation attentive des faits sociaux et des pratiques des agents en acte, les causes profondes qui font que les sciences sociales et humaines n’assument pas, en Algérie, les missions qui leur sont imparties, et demeurent, de ce fait même, frappées d’hypothèques et d’inanité. Méprisées par les pouvoirs politiques successifs en raison de leur caractère que l’on suppose superflu, et donc non créateur de « plus value » par opposition aux sciences exactes envisagées sous l’angle de « la vérité » et de l’efficacité, ces SSH sont par ailleurs mal pratiquées par les intéressés eux-mêmes, lesquels se bornent le plus souvent à la récitation des théories abstraites, aux compilations et aux remplissages plutôt qu’à l’examen critique des formes phénoménales. Coupées de leur environnement socio-économique et très peu réceptives aux mouvement politiques et sociaux, et donc à la profonde respiration de la société globale, ces disciplines se sont condamnées à se replier sur elles-mêmes, telles des feuilles de cactus. Faute de disposer d’outils conceptuels et méthodologiques, et faute d’utilisation à bon escient de l’esprit critique, les usagers de ces disciplines ont trouvé dans le remplissage et le plagiat la voie de la facilité qui les dispense de l’effort de réflexion et d’analyse. Le marasme de ces disciplines, qui se traduit par leur côté superficiel et par l’indigence de leur contenu, souvent répétitif et insipide à la fois, explique leur dévaluation par rapport à leurs homologues européennes, voire même maghrébines. Frappées de multiples tares qui tirent toutes leur origine du contexte politique et social peu propice à la quête du savoir désintéressé, ces sciences ne peuvent que s’étioler en prenant la forme squelettique que nous leur connaissons …