Orient salvateur et auto-pathographie dans le récit de voyage

Salvific Orient and Self-Pathography in the Travel Narrative

Résumé

Cet article se propose d’interroger les dynamiques de l’écriture du voyage et son lien avec le récit de soi pour montrer la relation de la réalité de la narration avec sa dimension fictionnelle et créative. Dans cette forme d’écriture liée au voyage, la vérité se lit derrière le mythe. L’auteur s’engage dans une quête identitaire combinant d’autres existences réelles et fabuleuses à travers un espace à la fois exotique, mythique et ésotérique. Voyage en Orient de Gérard de Nerval est l’œuvre emblématique d’une vérité recherchée et retrouvée dans l’ailleurs et l’altérité. C’est aussi l’expression de l’orientalisme et du romantisme noir d’un écrivain dont les véritables crises de folie ont, étrangement, alimenté l’écriture d’un « moi » éclaté retrouvant l’unicité dans la gnose qui constitue une source d’inspiration d’une grande profondeur. Ce voyage en Orient, qui se lit sous les auspices d’une pathologie manifeste, est réalisé dans le dessein de retrouver l’intégrité de l’esprit. Cette expérience de l’ailleurs où se mêlent l’expression personnelle, celle de l’altérité, l’auto-pathographie et le gnosticisme demeure l’œuvre la plus significative de la quête de soi et de sens dans la littérature de voyage.